Parapente+ magazine: test ANDA
08-06-2023
#Produit
Parapente+ a publié un test de l'ANDA dans le numéro 488 (mai / juin 2023). Nous avons reçu l'autorisation de publier l'article, le voici donc. Joli choix de photo de couverture aussi !
Dans les ailes légères, où on a un foisonnement des concepts, l’Anda dit clairement ce qu’elle est... Une aile de vol libre très accessible (EN A), performante dans sa catégorie et plutôt sophistiquée, mais de poids minimum. Vous voulez progresser sur sites en sortant d’école ou l’emmener en randonnée ? Aucune ambiguïté, elle ne va pas vous limiter, elle est conçue pour tout cela.
Un oeil sur la conception
BGD produit des voiles à l’état de surface irréprochable... C’est le cas de l’Anda. Notamment grâce au système Chord Cut Billow (CCB) qui existe depuis ses premiers modèles. Cette découpe des éléments de tissu lui compose un nez de profil très bien lissé. Et c’est un point important dans l’efficacité aérodynamique de celui-ci. L’ensemble est en tissu Porcher Skytex 27 g/m2 à double enduction (Classic 2) à l’exception du bord d’attaque qui est en 32 g/m2 pour une meilleure durabilité à cet endroit exposé.
Bruce Goldsmith conçoit des parapentes depuis plus de 30 ans. Déjà à l’époque d’Airwave, sa première marque, il optimisait au mieux la structure de ses ailes. L’Anda bénéficie de ces années d’expérience. L’architecture interne, particulièrement complexe sur une aile de cet allongement, en fait un ensemble très homogène. Le suspentage, tout en Aramide-Kevlar coloré mais non gainé (en Edelrid Pro Dry des nouvelles séries 8001) est un choix osé pour ce type d’aile. J’ai été un peu surpris... Les suspentes dégainées sont parfois difficiles à démêler mais ici, c’est particulièrement fluide et facile. Seul inconvénient, elles ont tendance à « ramasser » les petites branches
ou racines qui traînent. Le pilote devra donc être plus prudent sur ce type de terrain.
Les élévateurs sont réalisés en fine sangle Kevlar de 12 mm. BGD a privilégié la facilité d’utilisation au poids. Une poulie de passage des commandes a été préférée à un anneau de friction, dont l’utilisation est controversée depuis quelques cas d’usure anormale des suspentes de freins. Les poignées sont équipées d’un système d’accroche aux élévateurs (appelé Snap-Lock) qui est un des meilleurs que j’ai pu utiliser jusqu’ici. Attacher l’accélérateur se fait par noeud coulant, ce qui retire tout problème potentiel lié aux crocs fendus. La liaison suspentage-élévateurs est assurée par des soft-links (anneaux en Dyneema). Ils sont plus légers que des maillons et on change peu souvent une suspente.
L’Anda est proposée en 5 tailles, couvrant des PTV de 50 à 130 kg. Chacune est EN A, et elles ont aussi été re-testées en plages de poids étendues de + 10 kg (lorsqu’on surcharge la voile, avec un équipement de montagne par exemple), tout en conservant la même homologation... Ce qui est assez rare pour être signalé.
Une aile surprenante (en bien !)
Le gonflage doit se faire tout en douceur. Pas la peine de partir comme une furie, même vent arrière. L’Anda gonflera bien mieux si vous démarrez en marchant.
Dans cette phase, elle est très tolérante en tangage. Autant si on lâche trop tôt ou trop tard les élévateurs, que si le pilote est mal dosé sur les freins. Elle est parfaite pour débuter ! BGD dit sur son site : « La mise en virage sera facile et précise ». Et c’est vrai, tout le pilotage l’est en réalité. C’est même assez bluffant, parce que d’une part, le débattement symétrique aux commandes est tel que sans tour de frein et effort très important, l’aile ne décroche pas. Et d’un autre côté, elle se pilote sur une amplitude d’une vingtaine de centimètres et une réelle légèreté à la commande. En thermique, elle ne demande pas, ou peu de travail d’optimisation de l’aile extérieure. Bien sûr, garder là un poil d’appui par la main externe permettra de mieux tirer parti des performances en ascendances. Mais un pilote débutant pourra facilement exploiter la masse d’air en ne jouant que sur une commande, et en maintenant un fin filet de frein à l’extérieur. Sa finesse est bonne. J’ai comparé avec deux EN A de la même génération et objectivement, l’Anda était meilleure sur ce plan-là. Certes, pas un point de plus... Mais un peu au-dessus. Accéléré, ça reste une EN A. S’il y a bien une allure à laquelle toutes les ailes de cette catégorie sont pénalisées, c’est à l’accélérateur. Il est relativement physique et la finesse se dégrade assez rapidement. à l’atterrissage, l’arrondi final est très tolérant. Si le pilote freine trop tôt, l’Anda n’a pas une tendance marquée à remonter, donc pas besoin de rendre la main pour éviter une ressource qui se finirait par une abattée. Le pilote attend et termine son freinage juste avant l’arrivée du sol. S’il se fait surprendre et freine tardivement, ça reste efficace.
Bon... s’il attend le contact sol, là c’est trop tard mais le problème ne vient pas de la voile ! Je vous avais parlé de son grand débattement... Si je devais prendre une aile pour me mettre à la PA (précision d’atterrissage), ce serait celle-là. Avec près de 50 cm de commande tirée, la finesse ne doit pas dépasser les 2,5 ou 3 et ça vole toujours, tout en gardant une petite marge pour l’arrondi. C’est étonnant ! J’ajouterais une petite note sur le PTV étendu. Mon ami Philou a essayé l’Anda M (PTV usuel 75-95 kg, montant à 105 kg) à un poids juste un peu inférieur à ce maximum. Elle reste d’une facilité déconcertante. La prise en charge au décollage est rapide, l’arrondi à l’atterro facile. Et en l’air, ça reste un parapente classique, rien à voir avec certaines mini-voiles.
En conclusions
L’Anda est livrée avec un sac de compression très pratique qui permet un pliage facile et rapide. Son volume est alors bien inférieur à un parapente classique de même catégorie. Et son poids est à peine au-dessus des voiles light à double surface les plus optimisées, mais qui ne prétendent pas offrir les mêmes performances qu’une aile traditionnelle. Elle me semble être un compromis assez idéal pour combiner le marche et vol, à une pratique sûre sur sites. Ses performances, la précision et la légèreté de ses commandes, en font une aile toujours très agréable à piloter. Elle conviendra donc à un large public, allant du randonneur au pilote débutant, occasionnel (ils sont nombreux), tous ceux qui désirent progresser, tout en passant par le voyageur qui ne se sépare jamais de son aile.
Conditions d’essai : à Samoëns, fin mars et début avril. Plusieurs vols en toutes conditions dont thermiques printaniers.
Pilotes Laurent van Hille à PTV 75 kg sous la S et Philippe Aumis sous la M, plus chargé. Sellettes classiques assises.
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